Prisme troublant sur le monde, les objets sont le miroir de la société qui les crée, les utilise ou les écarte. 
Ils viennent en reflet exprimer notre présent, notre passé, parfois notre futur. Ils sont nos témoins et nos totems. De la chose intime à la chose publique, ils jalonnent nos vies en les accompagnant de leur utilité ou de leur présence.

Mais cette présence n’est jamais anodine, même leur superficialité est signifiante.

Les œuvres exposées ici sont reconnaissables par les visiteurs comme "objectives" au premier regard, c'est à dire directement et formellement identiques ou très proches de l'objet qu'elles invoquent. L’exposition part du postulat Lamartinien que les objets agissent sur nos esprits sans même être doués de parole ou de geste. Leur immobilité et leur silence semblent même être la clef de leur puissance.

Objets inanimés étudie le rapport entre œuvre et objet, la symbolique de l'objet et sa transformation par l'artiste en œuvre grâce à la seule force de son approche conceptuelle.

L’exposition dessine une réflexion sur notre relation à l'objet aujourd'hui, de la production de masse à sa puissance intime, de sa matérialité à son caractère mémoriel voire sacré, de son accumulation à son essentialité et jusqu’à l'animisme. Un chemin allant de la chose commune au symbole.

Objets inanimés ouvre la porte de nos archives, examine les étagères, les malles, inspecte les ateliers et explore les greniers afin d’élaborer une taxinomie objective, un champ d’expérimentation et de recherche qui va du matériel au spirituel. Le chemin emprunte tour à tour la démarche scientifique, la liberté poétique ou la puissance divinatoire sans jamais dévier de sa route.

La scénographie s’inspire de l’organisation méticuleuse des ateliers techniques ou des laboratoires scientifiques, des plans de travail et autres espaces de recherche où les objets sont rangés dans un ordre précis afin d’être utilisés, empoignés au moment opportun. Le visiteur devient alors le maître des lieux et peut inventer sa propre relation aux œuvres exposées.

Les œuvres des artistes de l’exposition ont chacune été créées avec une destination particulière mais elles se rejoignent dans la quête de la Vérité. Echelle initiatique, strates sédimentaires d’une même posture face aux grandes questions.

L’Humain, le Monde, la Société, le Cosmos sont autant de sujets essentiels et existentiels qui animent les réflexions les plus intimes comme les plus universelles. Les objets aussi prosaïques qu’ils puissent sembler, sont autant de guides et repères dans cette recherche.

Evan Bourgeau dépose son marteau dans son linceul de cire, comme un acte sacré, un sacrifice animiste. Le marteau, objet humain par excellence, est l’un des premiers artéfacts, mais ici, recouvert de cendre et coulé dans la cire il dit la guérison et la renaissance du savoir, de l’Être et du Monde. Dans une série de 33 dessins, Evan transforme aussi au trait sur le papier, les œuvres de l’exposition en icônes archétypales qui veilleront sans bruit sur les objets en présence.
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